De Kemi Seba à Denis Mukwege, des démagogues au service de la haine raciale

Jessica Mwiza

Dans l’étendue des milieux afro-francophones surfant sur l’idéologie hamitique qui mena au génocide perpétré contre les Tutsi de 1994, un personnage haut en couleur occupe une place centrale et attire une audience toujours plus large et avide de contenus simples et radicaux qui expliqueraient les déboires sans fin du Congo. Il s’agit de Denis Mukwege.

Son aura le rend aujourd’hui difficilement critiquable. Pour les Congolais, le reste du continent africain tout comme du point de vue des occidentaux, il est le prix Nobel de la paix africain de notre temps, farouche défenseur des femmes victimes de viol qu’il répare. La puissance du terme et la vocation de “réparer” une femme brisée, voire des dizaines de milliers d’après les chiffres qu’il revendique lui confèrent une stature de demi-dieu. Tenter de nuancer l’action du docteur est impensable, spécifiquement au sein des cercles qui l’ont forgé : des humanitaires et hommes politiques de gauche notamment en France et au sein des pays anglo-saxons. Pourtant sa carrière, comme celle de nombreuses figures publiques portées aux nues sans nuance, est entachée d’erreurs lourdes : des stratégies visant à l’autoglorification à l’attachement aux idéologies les plus néfastes.

Parmi ces erreurs, on observe sa proximité avec le polémiste Kémi Seba, son organisation “Urgence Panafricaine” ainsi que son staff. Une bien étrange alliance pour un prix Nobel de la paix. Néanmoins, une logique habite ce choix. Les deux hommes comptent des fans et des adeptes à travers l’entièreté du monde francophone, par centaines de milliers. Leurs combats les mettent très régulièrement sous les feux des projecteurs et pour cause, la justesse de leur contour est incontestable : lutter contre le Franc CFA (pourfendeur des économies africaines, frein à l’émancipation et à l’autonomie réelle des pays anciennement colonisés), lutter pour la réparation, la protection, l’émancipation des femmes congolaises… Du médecin prix Nobel au militant suprémaciste qui se veut radical et sans concessions, les stratégies diffèrent en apparence tandis qu’ils se soutiennent. Leurs moyens et réseaux, eux, se complètent.

Kemi Seba, la nébuleuse “Urgence Panafricaniste” et ses positions phares

Kemi Seba, né Stellio Gilles Robert Capo Chichi, se définit comme un militant panafricaniste. Né et ayant grandi en France, il y fonde le parti Kemite en 2002 ainsi que la Tribu Ka en 2004. Cette dernière sera dissoute deux ans plus tard pour “appel à la violence et antisémitisme.” Après quelques autres tentatives de création de structures pseudo-radicales – appelant surtout à la division et à la confrontation de groupes raciaux qu’il considère purs et intrinsèquement ennemis – il crée l’ONG Urgence Panafricaniste en 2016. Au début de l’année 2006, en pleine affaire Ilan Halimi, Kemi Seba adresse un courriel à plusieurs organisations juives, les menaçant en ces termes : « Que notre frère [Youssouf Fofana] soit coupable ou pas, nous vous prévenons que si d’aventure, il vous prenait l’envie d’effleurer ne serait-ce qu’un seul [de ses] cheveux au lieu de lui laisser avoir un procès équitable, nous nous occuperons avec soin des papillotes de vos rabbins. ». Depuis lors, mesurant le coût de ce genre de sorties, Kemi Seba masque son appétence pour les discours et positions antisémites, racialistes et complotistes derrière un masque de radicalité et une posture d’insubordination constante.

Dans son dernier livre, Philosophie de la panafricanité fondamentale, Kemi Seba décline plusieurs théories visant à renforcer une croyance en la supériorité physique de la couleur de peau noire, en la supériorité de la « race » noire, à l’aide d’exemples non seulement anti scientifique, mais excessivement choquants lorsque l’on sait que les arguments visant à prouver que les personnes noires sont particulièrement fortes ont été créés afin de justifier l’esclavage.

Concernant l’idéologie de haine dite idéologie hamitique qui maintient la région des Grands Lacs Africains dans une situation de chaos, Kemi Seba se positionne depuis des années en commentateur simpliste et bruyant, mais sciemment négationniste. Il est persuadé, au même titre que l’universitaire militariste et classé à l’extrême droite Charles Onana, que le Rwanda a pour but ultime de déstabiliser, piller et annexer le Congo comme le démontre son intervention pour le média Vox Africa : « Le Dr Mukwege mettons les histoires de prix Nobel à part, doit être soutenu et aucun panafricaniste digne de ce nom ne devrait avoir le toupet de citer Kagame en exemple […] c’est quelqu’un qui a été soutenu par toute l’oligarchie occidentale pour être le laboratoire de la déstabilisation de la sous-région, de la destruction de l’Est du Congo ».

Il renforce ici l’idée d’un combat opposant deux personnalités : le Dr Mukwege à l’image immaculée, et celui qu’il voit comme la personnification du cliché raciste du “stratège Tutsi envahisseur”, le président rwandais Paul Kagame. Dès lors qu’il est invité à s’exprimer sur l’un des pays des Grands Lacs Africains, le chef d’Urgences Panafricanistes développe donc la thématique du Tutsi dominateur atavique, que les colonisateurs allemands puis belges ont fabriqué, appuyant spécifiquement sur le plan Tutsi-Hima de domination de l’Afrique centrale, puis tout entière à partir de leurs bases conquises ; le Rwanda et l’Ouganda. Nous le verrons par la suite, Seba est loin d’être le seul à marteler cette idée de plus en plus largement acceptée car diffusée depuis plus d’une centaine d’année au total et revêtant donc un caractère d’évidence.

Maud Ekila se présente comme une panafricaniste et journaliste congolaise. Elle réalise également des documentaires, dont une récente production portant sur la justice transitionnelle au Congo, un des thèmes phares du Dr Mukwege qui sera traité plus bas. Une simple recherche permet de comprendre que cette dernière se positionne en parfait accord avec les théories du complot hamitique. En effet, Charles Onana et ses éléments de langage trouvent également une place de choix dans les références qu’elle partage ouvertement sur ces réseaux sociaux.

Ekila fait partie des équipes de communication se formant de façon ponctuelle autour des campagnes annuelles « Genocost ». Celles-ci ont pour but de créer et d’ancrer dans les consciences collectives un prétendu « génocide congolais », un second génocide dans la région des Grands Lacs, qui serait motivé par l’argent et manigancé par le Rwanda et l’Ouganda (l’empire Hima-Tutsi), financés par les anglo-saxons et Israël. La communauté internationale est accusée de laisser faire ou de collusion avec le Rwanda dans le seul but d’un accès large aux ressources minières. Dans une vidéo de promotion de la campagne « génocost » postée le 6 septembre de l’année 2023- disponible sur son compte Instagram – nous pouvons l’entendre dire : « à partir du 2 août 1998, c’est le lancement de la deuxième guerre du Congo. A partir de ce moment-là, systématiquement, les Congolaises et les Congolais sont visés systématiquement pour ce qu’ils sont en tant que Congolais, parce qu’ils sont sur des terres en dessous desquelles il y a des ressources naturelles qui sont convoitées surtout par les grandes puissances étrangères qui font des pays d’à côté leurs proxis, qui les utilisent et les financent, pour massacrer systématiquement des Congolais ».

Il s’agit de la stratégie et du discours bien connus du double génocide, qui est depuis trois décennies déconstruite par la plupart des spécialistes académiques du génocide des Tutsi et de la région des Grands Lacs. Ekila travaille également sur diverses campagnes transformant des combats entre groupes armés du Kivu en véritables massacres commis par le M23 et/ou par le Rwanda contre des civils innocents, avec le collectif d’activistes La Lucha, rompus au discours de haine ainsi qu’aux appels à la violence. Les membres de la Lucha sont par ailleurs aujourd’hui de plus en plus nombreux à rejoindre les violents et mystiques Wazalendo, un groupe armé du Kivu excessivement Tutsiphobe qui recrute sur le thème de l’envahisseur rwandais.

En somme, les groupes d’influence formés par ces protagonistes se rencontrent sur le terrain d’un patriotisme aveugle et raciste. Il s’agit de désigner un « nous » et un « eux » permettant aux personnes éprouvées par les situations de chaos au Congo de se diriger vers un bouc émissaire commun.

Bénéficiant à la fois de la force de frappe des réseaux afro pessimistes d’Urgences Panafricanistes qui se nourrissent de toute tragédie sur le continent, attisant les émotions réelles au service d’une poignée de personnages publics issus de leurs rangs, puis des réseaux devenus puissants et respectables du prix Nobel de la paix, Maud Ekila participe à renforcer et exporter le discours de haine des Grands Lacs – issu de l’idéologie hamitique d’origine coloniale – au sein des diasporas occidentales concernées.

Mukwege, prix Nobel et figure acceptable du discours de haine

Denis Mukwege, médecin gynécologue nommé prix Nobel de la paix en 2008 et formé notamment en France et en Belgique, travaille au sein de l’hôpital Panzi qu’il a fondé à Bukavu. Dans la foulée de sa nomination, la fondation sans but lucratif Panzi a vu le jour dans le but d’accompagner les patients sur un volet légal, psycho-social et socio-économique. À la suite de plusieurs partenariats et financements, la fondation Mukwege est créée en 2016. Elle a notamment pour but de promouvoir le travail et les buts de la fondation Panzi à travers le monde et de lutter ainsi contre les violences sexuelles faites aux femmes.

Multi-primé et publié, Mukwege est devenu une personnalité mondialement connue et adulée. Ses discours au sein desquels il décrit le calvaire des femmes violées et mutilées marquent ses audiences au fer rouge. Les formules utilisées par lui-même ainsi que par les observateurs ponctuels de son travail sont calibrées pour choquer. Le Congo est la “capitale mondiale du viol”. Au Congo, le viol est utilisé pour contrôler un territoire et annihiler sa population. Denis Mukwege ne se satisfait pas que les observateurs soient empathiques envers les femmes victimes. Son but est plus profond il s’agit pour lui de protéger son pays d’un mal bien plus ancien et menaçant. Son audience n’est pas simplement informée, elle est sommée d’agir et de se positionner.

Comme tout homme médiatique massivement soutenu et apprécié, l’unanimité pure n’est pas de mise. Il existe de vives critiques de sa personne et de son travail au-delà de l’unique image délivrée par la presse internationale d’un homme intrinsèquement et exceptionnellement bon car soignant les femmes. Dans le numéro de juillet 2015 de la Revue XXI, Marion Quillard publie l’enquête suivante « Que celles qui ont été violées lèvent la main » qui restera assez anonyme malgré l’importance des faits dévoilés. Dans cette enquête, on apprend d’une certaine Mathilde Muhindo que la situation du Kivu où se trouve la clinique Panzi a explosé avec l’arrivée des Hutu ayant perpétré le génocide des Tutsi au Rwanda. Usant des termes « tourisme du viol », elle élabore sur le sort qui sera réservé aux ONG locales existant depuis le début des violences à l’Est : l’éviction face aux dollars qui pleuvent et aux célébrités qui défilent sur le sol du Kivu, autour de la personnalité du docteur et de son travail à Panzi. L’enquêtrice interroge ensuite les chiffres de Panzi entre 2004 et 2013, dans un contexte où le chiffre le plus répandu au sein des médias officiels et sociaux est de 500 000 femmes violées au Congo, sans que l’on puisse retracer ce que recouvre ces déclarations fracassantes. Elle trouvera finalement que Panzi a accueilli 32247 femmes dans le programme des violences sexuelles mais que, dans ce chiffre, 13071 étaient reçues pour un accouchement difficile.

Pourtant, le Mukwege laisse constamment dire en entrevue qu’il a réparé plus de 40 000 femmes violées sur cette même période. Plus loin un juriste travaillant avec la fondation admet que la majorité de ses dossiers sont des viols commis par des civils, puis, en minorité par les groupes armés ainsi que par l’armée officielle du Congo. Toujours d’après l’enquête de Quillard, Françoise Bouchet Saulnier de MSF témoigne sur la même période que les reconstructions chirurgicales faisant suite à un viol sont très rares au Congo, moins de 10% d’après ses dossiers. Ce qui ressort de cette enquête est que les chiffres des femmes violées sont grossis et modifiés dans leur substance car le sujet procure de l’attention sur les acteurs de l’humanitaire et donc de larges mannes financières. Au fil de la lecture, il devient clair que les femmes victimes restent très mal prises en charge (tandis que les maisons de luxes des « humanitaires » pullulent à Goma) et enfin que le sujet s’est transformé en arme politique et en levier financier autour d’une personnalité ; celle de Denis Mukwege.

Avec le temps, Denis Mukwege a fait évoluer la tournure de ses déclarations publiques – de plus en plus politiques et sur un mode populiste et accusatoire – à propos de la nature du mal qui rongerait la région du Kivu. Il accuse désormais très frontalement le Rwanda dans des procédés rhétoriques proches de la théorie négationniste du double génocide. Ainsi, il considère, tout comme le Hutu Power, qu’un crime plus obscur et plus profond aurait été commis au Congo avec comme stratégie la survenue en amont du génocide contre les Tutsi. Il se repose sur le rapport Mapping de l’ONU, ce dernier utilisant de façon insidieuse les éléments de langage du génocide pour décrire une guerre. Continuant sur cette proposition qui déclenche toujours passion et adhésion au sein de la population congolaise, habituée et rompue à l’idéologie hamitique, il propose désormais la mise en place d’un processus international de justice transitionnelle afin de juger ce dit crime, avec les détails du rapport Mapping en appui.

Ces théories et propositions ne sont pas issues d’une quelconque ignorance ou maladresse. Il ne s’agit pas de la parole d’un néo-politicien qui serait un peu maladroit. Dans son livre La force des femmes, Mukwege dévoile ses accointances avec le camp du complotisme à plusieurs reprises. À la page 47, le lecteur trouvera un long et alambiqué paragraphe introduisant l’histoire du génocide perpétré contre les Tutsi … où plutôt sa version minimisée et revisitée. Le prix Nobel explique les tensions anti-Tutsi grandissantes dans l’histoire du Rwanda non pas par la réorganisation et la racialisation d’origine coloniale des rapports de pouvoir, mais par un fait de domination économique des Tutsi sur les Hutu qu’il présente comme naturel. Ce procédé est tout sauf innocent. Du reste, le prix Nobel fait passer le génocide des Tutsi pour le petit évènement sans importance qui ne serait que le point d’entrée de la seule histoire réellement terrible et importante de la région, un génocide ayant fait bien plus de victimes (le chiffre revendiqué mais invérifié car invraisemblable est de 10 millions…) au Congo. Il opère cette pirouette intellectuelle et narcissique en se mettant au centre de cette histoire, annonçant : « Leurs assassinats ont créé un tourbillon dans lequel ma vie et celle de dizaines de millions de personnes allaient être inexorablement entraînées ».

Lors des mois précédant l’annonce de sa candidature à la présidentielle Congolaise, le prix Nobel avait officiellement durci le ton, se faisant plus martial à certains endroits : « Debout Congolais, Nation en danger ! » pouvait-on lire sur son compte twitter. Aussi, ses discours publics où il haranguait la foule prenaient la même forme. En comparaison, il est impossible de trouver dans ses communications la moindre condamnation des violences perpétrées contre les Tutsi congolais, Hema ou Banyamulenge. Rien de cet ordre-là, alors que le renouveau du discours de haine basé sur l’idéologie de l’envahisseur hamitique met les populations visées en grand danger, provoque des assauts répétés et documentés. Tout est désormais bon pour surfer sur la vague anti-Tutsi, anti-Rwanda, qui assure au prix Nobel un effet popularité solide et de long terme. Un thème qui semble lui convenir bien plus par conviction que par opportunisme.

Plus invraisemblable enfin, à la page 173 de son ouvrage La force des femmes, Denis Mukwege tient à saluer les forces policières et armées officielles du Congo en ces termes : « Les policiers et les soldats qui servent au Congo font de leur mieux avec professionnalisme et courage » alors qu’il est avéré que les hommes en uniforme officiel de la RDC font partie des principaux agresseurs des femmes congolaises. Ainsi, dans sa volonté de se faire figure nationale aimée de tous au Congo, dans le registre d’une union nationale et raciale sacrée contre un agresseur, un autre extérieur, le prix Nobel félicite chaleureusement l’une des armées les plus indisciplinées, corrompues et violentes du continent africain.

En conclusion, les acteurs mentionnés se situent parfaitement dans le champ idéologique du racisme européen du 20ème siècle ayant créé des ethnonymes raciaux aux caractères et destinées pures et ancestrales au sein des pays dominés. Ils cherchent également à maintenir un large créneau médiatique via la tragique situation du Congo et peuvent s’alimenter à partir du désespoir de nombreux citoyens congolais qui ne savent que faire ni qui soutenir afin que leur pays ne sorte la tête de l’eau.

L’idéologie hamitique, anti-Tutsi (qui se confond désormais largement dans le ressentiment anti Rwanda), permet cela, tant elles offrent des réponses et exutoires simplistes à des problématiques multidimensionnelles. Le martèlement idéologique étant mis en place depuis les premiers temps de la colonisation, il suffit de le réactiver de temps à autres, au gré des actualités politiques (par exemple ; des revendications politiques et sécuritaires du M23, groupe accusé d’être un bras armé du Rwanda tandis qu’il est intrinsèquement Congolais).

Le génocide avéré des Tutsi du Rwanda devient pour eux un écran de fumée quasi factice, ayant permis à « l’étranger envahisseur Tutsi » de mettre la main sur les richesses du Congo. S’ils ne sont pas les premiers porteurs ni bénéficiaires de cette théorie, ils participent fortement à son ancrage dans les mémoires collectives. Toutes les productions du prix Nobel, où bien celles produites par d’autres et centrées sur son personnage (le documentaire l’empire du silence, le livre la force des femmes… Ses nombreuses conférences), tournent autour de ces deux objectifs : ancrer l’idée qu’un génocide silencieux a lieu au Congo, que le Rwanda en est responsable et qu’un tribunal international devrait se charger d’en tracer les contours et les condamnations.

Le colonel Bagosora, cerveau du génocide des Tutsi, ayant imaginé de son vivant et lors de son passage dans les camps de réfugiés du Congo un vademecum, véritable remède validant la théorie du double génocide afin d’échapper au Tribunal Pénal International pour le Rwanda n’aurait pu rêver meilleur héritage politique. Ainsi, Denis Mukwege est devenu le visage présentable, raisonnable et adulé de l’actualisation de l’idéologie génocidaire anti-Tutsi dont les répercussions réelles se font aujourd’hui ressentir au sein de toutes les populations et ethnies que l’on affilie aux Tutsi (Hema, Hima, Banyamulenge, personnes ayant des “faciès Tutsi” d’après les clichés racistes …) dans la région des Grands Lacs.

 

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