Par Alex Mvuka Ntung
Les FDLR sont une idéologie adoptée et intégrée dans les pratiques politiciennes en RDC. L’allégeance de l’État à l’idéologie FDLR est la plus grande « infiltration » que la RDC ait connue ; une idéologie génocidaire.
Certains diront que l’AFDL, le RCD et le CNDP ou le M23 pourraient avoir éradiqué les FDLR. Mais il faut se rendre à l’évidence que l’idéologie véhiculée par les FDLR a reçu un appui énorme et consistant de la part des leaders politiques congolais depuis 1994. Ces derniers ont fait le lit de son narratif jusqu’à qu’elle soit ancrée dans l’imaginaire collectif congolais et adoptée par la population, la société civile et même, les leaders religieux.
Après le génocide contre les Tutsi au Rwanda, le très redoutable parti politique de Juvénal Habyarimana s’est installé au Zaïre où il a trouvé un terrain favorable pour sa germination.
Le Zaïre venait de décider d’expulser vers le Rwanda les Tutsi congolais tout en accueillant chaleureusement les réfugiés Hutu. Cette décision exécutait les recommandations de la commission parlementaire, HCR-PT (Haut Conseil de la République – Parlement de Transition), connue du nom de Vangu Mambwe. Le rapport de cette commission a préconisé la reconduite à la frontière des populations établies au Kivu, au motif qu’elles seraient étrangères, alors qu’à l’évidence, elles sont nationales.
Ainsi, les déportations et tueries de Tutsi se sont suivis. Depuis ce temps les Tutsi ont été considérés comme non seulement ennemis de la RDC, mais au centre de débats controversés sur la nationalité congolaise et la justification des échecs de gouvernance.
Le phénomène Wazalendo est la progéniture de cette idéologie des FDLR. Nzangi, Bitakwira, Misare et autres hautes autorités s’en servent au même titre que Léon Mugesera et Bagosora, cerveaux du génocide contre les Tutsi au Rwanda, s’en sont servis dans les années 1990. L’idéologie anti-Tutsi est une arme tant pour le gouvernement que pour l’opposition politique. Pour survivre politiquement en RDC, il est impératif de mettre l’idéologie génocidaire au centre de sa philosophie et de son action politique.
Tout acteur (national et international) en RDC se doit de s’aligner sur cette idéologie, faute de quoi, il risque de perdre sa place et ses intérêts. En considérant les FDLR comme un groupe armé, les experts des Nations unies présentent la situation comme un match au score 1 – 1, arguant que le Rwanda soutien le M23 et que la RDC soutient les FDLR. Une position presque similaire au déni du génocide contre les Tutsi.
L’idéologie est exploitée dans la région pour construire des alliances mythiques basées sur une supposée race « Bantu » et sous une théorie du complot d’un empire Hima ou d’un peuple dit « hamitique ».
Cette idéologie qui se manifeste par la haine du “Tutsi” ou du “Rwandais” (utilisés dans leur marque de préjugé de manière interchangeable) est devenue la caractéristique et l’honneur du Congolais. Être un “vrai Congolais” se démontre par la déshumanisation du Tutsi ou du Rwandophone. Il s’agit d’un signe de patriotisme et d’héroïsme. Ceux qui s’opposent à cette expression de haine ou plaident pour une cohésion pacifique qui inclut les Tutsi, sont vus comme des « traitres » et des « collaborateurs de l’ennemi ». Pour survivre, sans risque de perdre ses intérêts, en opérant en RDC, en représentant une organisation diplomatique ou internationale, il faut il est vrai compromettre avec ce phénomène de Tutsiphobie.
Pour construire une paix durable, il faut libérer le Congo et la région de cette idéologie raciste et génocidaire qui est à l’origine des violences perpétuelles. Tant que cette idéologie existe, le Rwanda et la région de l’Est seront toujours menacés sécuritairement.